mercredi 29 juin 2011

iPad, la tablette aéro de rêve ?

Dans la série j'ai testé pour vous, voici un billet au sujet de l'iPad et de son utilisation potentielle en vol ou lors de la préparation au sol.

iPad (illustration thegadgetsite.com)

A l'heure où certains professionnels semblent avoir adopté la fameuse tablette comme Electronic Flight Bag, nombreux sont également les pilotes privés qui s'y intéressent sérieusement ou qui déjà ne jurent plus que par lui. D'autres, au contraire, sont allergiques aux gadgets électroniques et ne veulent pas en entendre parler, mais le moins que l'on puisse dire c'est que ces appareils ne laissent pas indifférent.

Sans avoir la prétention d'être exhaustif, j'ai voulu rassembler ici quelques informations et retours d'expérience à l'intention des pilotes qui songeraient à investir dans une tablette. Une fois qu'on a choisi un modèle, il est décevant de se rendre compte que ce n'est pas ce que l'on espérait...

Dans ce billet, je fais volontairement l'impasse sur les autres systèmes basés par exemple sur Android ou sur Windows, faute d'en avoir essayé en situation réelle. En effet, il se fait de plus en plus d'applications pour ces OS et d'autres tablettes que l'iPad peuvent montrer des avantages certains. Toutefois, une des faiblesses principales (à mon sens) de l'iPad à bord d'un avion affecte actuellement de manière relativement égale toutes les tablettes et ordinateurs portables du marché, à savoir la lisibilité de l'écran en plein soleil (on en reparle plus tard).

iChose, des machines à tout faire.


Pour ceux qui ne connaissent pas du tout le monde de l'iPhone ou de l'iPad, ce sont des tablettes à écran tactile sur lesquelles on fait tourner des applications. Une application est un petit programme (gratuit ou payant), écrit et conçu spécialement pour la tablette, et que l'on se procure dans un magasin en ligne, le fameux AppStore. L'achat et l'installation sont simplissimes.
Des applications, il y en a pour à peu près tout, dans tous les domaines de la vie. En ce qui concerne l'aéronautique, on trouve de puissants systèmes de navigation par GPS avec les cartes défilantes payantes (OACI, Cartabossy) ou gratuites (Cloudmade, OpenStreetMap, etc.), des applications pour consulter la météo, pour préparer son vol, pour afficher les cartes d'approche (VAC, SID, STAR), pour chercher un restaurant à proximité d'un aérodrome, etc.
Le système d'exploitation est quasiment identique entre l'iPhone et l'iPad et, à de très rares exceptions près, toutes les applications qui tournent sur l'iPhone tournent également sur l'iPad - on peut du reste les installer sur plusieurs tablettes sans devoir les racheter.
Certaines applications (marquées d'un sigle + dans l'AppStore) ont une version optimisée pour tirer meilleur profit des caractéristiques de l'iPad, notamment d'affichage.

Parmi les applications, il y a également un navigateur internet, je propose d'y revenir plus tard.

Un des gros points forts du système Apple est que tant l'iPhone que l'iPad sont en permanence immédiatement disponibles d'une pression sur le bouton : pas de temps de chargement de l'OS.
Avec l'environnement multitâches, on fait tourner simultanément toutes les applications que l'on veut, basculant simplement de l'une à l'autre (elles continuent toutes à tourner en tâche de fond).

iPad, un gros iPhone ?


La plaisanterie est connue mais illustre bien mon propos ici : si les similitudes sont nombreuses entre les deux appareils, leurs différences jouent un rôle important dans le cadre d'une application aéronautique. Je vais tâcher de les expliciter dans ce billet.

Size does matter !


La taille de l'iPad le rend beaucoup plus lisible qu'un iPhone, et la navigation dans les menus est nettement plus aisée, notamment en cas de turbulences. Le revers de la médaille est justement qu'il n'est pas toujours évident de pouvoir profiter de l'iPad à bord d'un petit avion sans qu'il ne gêne de par sa taille.
Personnellement, je le pose simplement en position "portrait" (rotation d'écran figée) sur ma jambe gauche, par-dessus ma planchette de bord.
Il existe des systèmes de fixation à la jambe, comme pour les planchettes, certainement très pratiques dans un avion équipé d'un yoke (p.ex. PA28, Cessna). Cependant, dans un avion équipé d'un manche (p.ex DR400), la taille de l'iPad risque de gêner le débattement des commandes. Il est alors préférable de ne pas le fixer ainsi.
Lorsque je suis seul, je le pose généralement sur le siège de droite ou dans la boite à gants (si je ne compte pas du tout le consulter) pendant les phases où il pourrait me gêner (décollage, atterrissage). Si j'ai un passager, l'iPad n'est alors nulle part ailleurs mieux que dans ses mains.

Un iPhone en revanche peut facilement être fixé (p.ex à la verrière au moyen d'une ventouse) de manière à être lisible sans gêner (trouver un endroit si possible à l'abri du soleil).

Edit du 14.05.2013 :

L'iPad Mini, de taille intermédiaire entre l'iPhone et l'iPad (et apparu sur le marché depuis la publication de cet article), offre à mon avis une solution particulièrement intéressante en aviation générale.
Voir ici le billet que je lui consacre.

16GB, 32GB ou 64GB ?


L'iPad est disponible avec, à choix, 3 capacités de mémoire : 16GB, 32GB ou 64GB. En ce qui me concerne, j'ai opté pour 32GB pour les raisons suivantes :

- utilisation prévue de l'iPad non limitée au cadre aéronautique (musique, photos, etc.)
- pas envie de mettre le budget pour le modèle 64GB.
- petit regret, après quelques années d'utilisation de l'iPhone 8GB un peu saturé, de n'avoir opté pour le 16GB.

Cela étant, avec tout ce que j'ai actuellement installé sur l'iPad, je n'utilise pas encore le quart de sa capacité...

L'autonomie


Un des gros soucis des équipements électroniques, en particulier ceux utilisant la localisation par GPS, est leur autonomie, souvent très limitée. Je m'estime heureux si mon iPhone tient 2h complètes lors d'une utilisation faisant appel au GPS.
La bonne nouvelle avec l'iPad est qu'il dispose réellement d'une autonomie très appréciable puisqu'en utilisation soutenue en vol (moving map avec GPS, luminosité élevée, veille désactivée), il tient environ 7h d'affilée, soit près du double de l'Aera 500 sur batterie.
Je n'ai pas de chiffres, mais il est probable cependant que l'autonomie effective diminue si l'on utilise la connexion par 3G des modèles qui en sont équipés (voir ci-dessous).

WiFi, ou WiFi + 3G ?


Une autre différence entre l'iPhone et l'iPad et que ce dernier n'est pas un téléphone. Il n'a donc pas besoin d'une carte SIM d'un opérateur téléphonique pour pouvoir fonctionner.
L'iPad (tout comme l'iPad 2, sorti début 2011) est alors disponible en 2 variantes :

- WiFi : cet iPad ne peut communiquer avec le web que par une connexion WiFi (internet sans fil). Malheureusement, les points d'accès WiFi sont loin de s'être généralisés comme on pouvait l'espérer et ne sont pas disponibles partout, notamment sur beaucoup de petits terrains d'aviation. Lorsque le WiFi est disponible, c'est souvent payant (le WiFi gratuit existe pourtant, notamment dans les hôtels, certains bars et dans des enseignes comme McDonald).
De plus, ce modèle n'a pas de puce GPS intégrée. Il faut donc avoir recours à un dispositif externe pour disposer de cette fonctionnalité, j'utilise pour ma part le modèle Bad Elf, un excellent produit (on en reparle dans la section GPS).

- WiFi + 3G : en plus du WiFi, cet iPad peut se connecter au web par les réseaux 3G des opérateurs téléphoniques, à condition d'y installer une carte SIM. L'intérêt est certain : on peut charger n'importe où (ou presque) la dernière météo, consulter les mises à jour, chercher des informations, etc. y compris pendant le vol (de préférence si l'on est passager, toutefois).
Le problème, c'est que les opérateurs téléphoniques ne font pour l'instant aucun effort pour proposer des cartes SIM attrayantes. Il suffirait pourtant d'une carte à pré-paiement, rechargeable, où l'on paie ce que l'on consomme, et non des sommes fixes "tout ou rien". Lorsque l'on voyage à l'étranger, c'est encore pire tant les frais de roaming pour les données sont encore élevés.

Un autre intérêt du modèle WiFi + 3G est qu'il est équipé d'une puce GPS intégrée, comme celle d'un téléphone 3G, ce qui dispense à priori de la nécessité d'acheter un dispositif externe pour pouvoir profiter de fonctions GPS.

L'iPad WiFi + 3G est d'ordinaire vendu nettement plus cher que le modèle WiFi, ce qui ne le rend pas forcément très attractif. J'écris toutefois "d'ordinaire", car depuis la sortie de l'iPad 2, de nombreux iPad "premier modèle" neufs sont encore en vente à prix cassé. C'est peut être l'occasion d'une bonne affaire !

Tethering


Ce mot du vocabulaire geek désigne le partage de la connexion 3G de votre téléphone portable avec d'autres appareils. C'est évidemment la solution toute trouvée si l'on a un iPad WiFi : en 2 clics mon téléphone portable devient un hotspot WiFi sur lequel l'iPad peut se connecter afin de charger le dernier METAR, changer une réservation, consulter Homebriefing, etc. le tout sur mon forfait "surf" du téléphone.

Attention : vérifier toutefois que votre opérateur autorise le tethering, également appelé utilisation du téléphone en modem 3G ou plus simplement partage de connexion : certains opérateurs, notamment aux USA, l'interdisent explicitement dans leurs contrats.
En Suisse, tant Swisscom qu'Orange proposent sur leur site le tethering dans leurs abonnements et indiquent comment le configurer sur son iPhone, en "recommandant" au passage des options tarifaires pour la "maîtrise des coûts". Je n'ai pas trouvé d'interdiction explicite du tethering chez Sunrise.
En France, il semble que seul Bouygues autorise cette utilisation (à vérifier).

L'iPhone 4 propose d'origine le partage de connexion par WiFi (le plus pratique). L'iPhone 3 est limité officiellement au partage par USB ou Bluetooth.
Quelques manipulations permettent toutefois d'installer MyWi, qui fait de l'iPhone 3 un excellent hotspot WiFi pour votre iPad.

D'autres marques offrent sans bidouillage le tethering WiFi, cela peut être un argument lors du choix de votre prochain téléphone.

Le GPS


Je remarque qu'un point n'est souvent pas clair dans l'esprit des gens : le réseau WiFi ou 3G permet certes une géolocalisation très approximative de l'iPhone/iPad (par le biais du relais auquel il se connecte). Mais la localisation par GPS ne passe pas du tout par le réseau, il n'y a aucun transfert de données ni par la 3G, ni par le WiFi et cela ne vous coûte absolument rien sur votre abonnement, ce service est gratuit. Il s'agit réellement d'une puce GPS qui travaille avec les satellites GPS "visibles" depuis où on se trouve. Le transfert de données par 3G ou WiFi n'est éventuellement nécessaire que pour télécharger des données, par exemple des éléments de carte qui ne seraient pas déjà en mémoire (c'est le cas notamment lorsque l'on utilise Google Maps ou Google Earth, dont la cartographie se récupère depuis un serveur).

Du point de vue technique, on l'a vu, l'iPhone et l'iPad WiFi + 3G sont équipés d'une puce GPS interne qui fonctionne pas mal dans un petit avion. Garder toutefois à l'esprit que cette puce intégrée est très inférieure à celle d'un modèle comme le Bad Elf, 66 canaux, 10Hz, compatible WAAS/EGNOS, ce qui le rend beaucoup plus précis avec une meilleure réception des signaux, notamment dans les carlingues métalliques (fonctionne même en place navigateur d'un DC-3). Dans l'optique d'une utilisation en GPS et pour grosso modo le même prix, on a donc plutôt intérêt à opter pour un iPad WiFi avec un GPS Bad Elf plutôt qu'un iPad WiFi + 3G...

Le seul défaut du Bad Elf, est qu'il n'est pas intégré dans l'iPad. Il forme donc un appendice sortant de la tablette et tous les efforts mécaniques passent par la prise, ce qui pourrait la fragiliser.
J'ai donc pris l'habitude de tourner l'iPad tête en bas, pour avoir le Bad Elf en haut, ainsi il est toujours dégagé, sans efforts sur la prise. Problème en grande partie résolu.

Après la géolocalisation elle-même, il faut une représentation géoréférencée du terrain, enregistrée dans la mémoire de la tablette (afin de ne pas avoir recours au réseau pendant l'utilisation), sur laquelle positionner l'avion.

Il existe de nombreuses applications pour cela, fonctionnant tant sur iPhone que sur iPad. Actuellement, une des plus populaires en aviation est probablement Air Navigation, disponible en 3 versions : free (gratuite), standard (8.99€) ou pro (29€), donc des prix extrêmement raisonnables dans le monde du GPS aéro.

Air Navigation Pro dispose d'un "Map Store", qui permet d'acheter en ligne et d'installer d'un seul clic nombre de cartes officielles (OACI) ou non (Cartabossy, cartes gratuites), c'est vraiment d'une simplicité enfantine.

AirNavPro avec la carte OACI suisse 2011

La base de données, très riche, est fournie installée avec Air Navigation. Comme pour un GPS classique, on peut très facilement choisir la quantité de données vectorielles à afficher en plus de la carte, en fonction du vol (filtre).

AirNavPro avec tous les espaces affichés.

Ici, seules les données concernant l'altitude du vol +/-1'000ft sont affichées.

Exemple de navigation entre Lausanne LSGL et les Eplatures LSGC (carte OACI française)

De façon la plus intuitive qui soit, une navigation est préparée en quelques clics sur l'écran, prête à être suivie comme avec n'importe quel GPS : on sélectionne un point de la carte en appuyant du doigt dessus, puis on l'insère comme waypoint dans sa navigation.
Dans la base de données d'origine figurent entre autres tous les AD, les balises (VOR/NDB), les points de report des CTR, les routes IFR, etc. Un point manque toutefois ? Il suffit de presser pendant 2 secondes à l'endroit voulu de la carte pour y placer un point personnalisé, immédiatement utilisable comme n'importe quel autre point de la base de données pour définir des waypoints.

Les fonctionnalités d'Air Navigation Pro sont très nombreuses et cette application mériterait à elle seule un billet dépassant largement le cadre de celui-ci.

Air Navigation fonctionne également très bien sur iPhone. De par la petite taille de l'écran, il ne faut pas espérer avoir une vue d'ensemble de la carte, mais plutôt une vue locale de ce que l'on est en train de faire.
Fixé à proximité des yeux (p.ex. au tableau de bord ou à la verrière) en mode moving map, cela fournit déjà un appréciable support de nav (est-ce que je contourne bien la zone à éviter ? suis-je bien au point W de la CTR ?) en ayant sur les genoux la carte papier pour la vue générale ainsi que la lecture des détails (noms de bleds, etc.) L'autonomie sur batterie est toutefois faible.

L'iPad a l'avantage de se rapprocher en taille d'une carte OACI papier pliée et toujours centrée sur ma position. Cela offre donc une bonne vue d'ensemble sans sacrifier la lisibilité, et bien sûr tous les éléments de ma navigation sont en permanence à jour. La grande autonomie de cette tablette permet vraiment une utilisation soutenue. La carte papier reste, cela va de soi, toujours à portée de main, pliée et annotée comme il se doit en prévision du trajet.

Les cartes VAC, SID, STAR


Une autre utilisation phare de l'iPad est le stockage et la visualisation de cartes d'aérodromes, que ce soit pour le vol à vue (VAC, AD info) ou aux instruments (SID, STAR, etc.)

En France, le SIA met gratuitement les cartes françaises à disposition au format PDF. On trouve alors plusieurs applications pour iPhone/iPad (iVAC, F-AERO) se chargeant de récupérer ces cartes et de les stocker dans la mémoire de la tablette pour ensuite les restituer de façon rapide, lisible et pratique.

Visual Approach Chart d'Annemasse LFLI, affichée par iVAC (gratuit)

Un clic sur la flèche fait passer à la première page des AD Info

On a ainsi gratuitement et en permanence sous la main la totalité du recueil des cartes françaises, immédiatement disponibles. Les applications comme iVAC ont une fonction permettant de tenir à jour les cartes en mémoire - à faire avant de partir en voyage. Entretenir l'équivalent en format papier coûterait une fortune en temps et en impressions.

En-dehors de la France, c'est malheureusement plus compliqué. En Suisse, Skyguide ne diffuse pour l'instant ses cartes qu'au format papier. Une solution est de les scanner au format PDF et de les stocker dans la bibliothèque.

Edit du 15.05.2013 : depuis 2012, Skyguide publie intégralement l'AIP VFR Suisse en version électronique. J'explique dans un billet dédié comment transférer ces documents sur l'iPad.


Visual Approach Chart de Neuchâtel LSGN au format PDF

Une autre solution est de passer par Jeppesen, avec l'application gratuite Jeppesen Mobile TC permettant d'afficher les cartes Jeppesen (payantes, par abonnement).

Si l'on voyage, ou compte voyager, c'est du reste l'occasion de s'habituer à la symbolique de Jeppesen. Contrairement aux cartes éditées par chaque pays, Jeppesen ne centre pas uniquement ses découpages sur les frontières politiques mais propose également des assemblages régionaux, très pratiques. De plus, une fois que l'on a "appris" la symbolique de Jeppesen, elle est partout la même, ce qui simplifie considérablement les voyages internationaux.

Visual Approach Chart de Lausanne LSGL au format Jeppesen

Première page de l'AD Info pour Lausanne LSGL au format Jeppesen

Exemple de STAR pour Genève LSGG au format Jeppesen

La préparation de vol


C'est peut-être là que j'apprécie le plus l'iPad. Que l'on se mette d'accord : il ne fait rien que je ne sache faire moi-même, par d'autres moyens, mais avec lui j'ai l'avantage d'avoir tout sous la main, rapidement.

On trouve tout d'abord quantité d'applications bien pratiques pour la préparation du vol. Une de mes favorites est AeroWeather, disponible en version Lite (gratuite) ou Pro (payante). J'y ai créé ma liste d'AD à travers le monde et, d'un clic, elle récupère les derniers METAR et TAF. Ces messages ne contenant qu'un très bref texte codé, leur chargement est instantané, même lorsque la connexion est faible.
Aeroweather est donc extrêmement pratique pour se faire rapidement une idée de la météo du moment dans diverses régions, également lorsqu'on se trouve à l'étranger où le data roaming coûte cher.

Aeroweather

METAR décodé pour Genève LSGG.

Les METAR et TAF récupérés restent en mémoire, disponibles n'importe quand sans connexion, avec l'indication du temps écoulé depuis leur dernière mise à jour. À noter qu'Air Navigation inclut maintenant également cette fonctionnalité, avec en plus une représentation des conditions (VMC, Marignal, IMC) par un symbole sur la carte.

Il y a également l'éditeur F-AERO qui propose une foule de très bonnes applications, généralement centrées sur la France : représentation des METAR sur une carte par des pastilles avec un code de couleur, infos sur les terrains, trouver un restaurant proche d'un AD, récupérer les NOTAM, etc.

Et puis il y a pléthore de petits utilitaires, certains gratuits, d'autres payants, permettant en vrac de convertir des unités, manipuler des heures et des minutes, vérifier son centrage, calculer une holding pattern, simuler un E6B, etc. en faire la liste ici serait fastidieux.

Lorsque je n'utilise pas mon PC à la maison avec Navigation de François Fouchet pour préparer mes vols, Air Navigation Pro se montre également très pratique pour mettre au point les différentes options du trajet, depuis la première esquisse, avec étude des différentes stratégies envisageables, jusqu'à la finalisation. Rien n'empêche ensuite de mettre tout cela au propre sur le papier.

Cela dit, l'application la plus utile pour la préparation du vol est probablement le navigateur internet :

Safari sur le web


L'iPhone et l'iPad sont livrés équipés du navigateur officiel d'Apple, Safari, qui est à mon avis le point le plus décevant de ces appareils tant ce navigateur souffre de limitations. Parmi les plus notoires, il y a entre autres :

- refus de lire tout ce qui fait appel à Flashplayer ou à Java.
- saturation du buffer à env 6MB, au-delà de quoi toutes les images sont remplacées par des [?] bleus. Pas terrible pour échanger ses images sur Picasa ou parcourir un forum.
- impossibilité de sauvegarder des pages pour les consulter hors ligne.
- mauvaise gestion des frames, notamment impossibilité de parcourir un document PDF ouvert dans un frame.

Vous vouliez consulter le dossier OPS sur le site du club ? dommage : Safari n'en affiche qu'une image représentant le début du document, vous ne pouvez rien en faire...

Heureusement, pour ce dernier point, il existe une parade : tenir le doigt quelques secondes sur un lien permet de l'ouvrir dans une nouvelle page (et non dans un frame de la page en cours). Le document s'ouvre alors comme un PDF : on peut le parcourir et surtout l'enregistrer dans la bibliothèque pour le conserver et le consulter hors ligne.

Du point de vue de la préparation du vol, Homebriefing fonctionne très bien sous Safari. La seule fonctionnalité qui pose éventuellement problème est la recherche graphique dans les définitions du vol, puisqu'elle fait appel à un applet Java.

Briefing de vol, stocké dans la bibliothèque.

DABS, stocké dans la bibliothèque.

Je prépare donc mes briefings d'AD, de zone ou de route exactement comme sur une borne AMIE ou sur un PC, sous forme de PDF. Sauf qu'au lieu de gaspiller papier et encre à les imprimer je les sauvegarde dans ma bibliothèque, au rayon "briefings" avec les DABS et toutes les informations que je juge pertinentes. Ainsi, j'ai en permanence ces documents sous la main en version électronique.
Pareil pour la déposition des plans de vol.

OLIVIA fonctionne aussi correctement sous Safari, malheureusement il manque une fonction de sauvegarde des briefings établis, par exemple sous forme d'un PDF. Il faut donc passer par une borne ou un PC et imprimer les documents (ne fonctionne pas non plus avec tous les navigateurs sur PC classique).

Enfin, pour la réservation des avions, cela dépend probablement de la solution adoptée par chaque club, mais les systèmes de réservations des clubs d'Yverdon et de Sion fonctionnent parfaitement sous Safari.

En conclusion, dans ma préparation de vol je n'ai pas trop à souffrir des limitations de Safari. Certes, tout cela fonctionne très bien sur ordinateur traditionnel, mais je dois avouer qu'avec l'iPad, j'ai l'avantage d'avoir tout sous la main partout où je vais, immédiatement disponible, et sans devoir booter d'ordinateur, ni attendre qu'une borne ne se libère.

Checklists et enregistrement des temps


On trouve également des utilitaires comme i-Flyte TC qui permettent de stocker et présenter toutes les checklists et procédures des différents avions que l'on pilote.
Cette application enregistre automatiquement les temps de vol et block time (UTC), ainsi que les atterrissages (Air Nav Pro le fait aussi). À l'heure où j'écris ces lignes, je suis encore en mode "expérimental" avec cette fonctionnalité que je laisse tourner en tâche de fond, et je compare à la fin avec mes notes... plutôt sympa.

Au soleil


Le point faible de tous les appareils à écran LCD ou TFT est, je pense, la lisibilité en plein soleil, qui est souvent très réduite.

À titre de comparaison, le GPS Garmin Aera s'en sort pas mal je trouve à condition de pousser la luminosité au max. De plus, j'ai la chance de pouvoir le fixer à un endroit où son écran est généralement abrité des rayons directs (haut de la verrière).

Pour l'iPad, c'est plus compliqué lorsqu'on le pose sur ses genoux : l'écran risque très souvent d'être au soleil. Pour la majorité des vols, je trouve que l'iPad ne s'en sort pas si mal : l'écran reste relativement lisible.
Lors d'une virée en plein cagnard parmi les glaciers, cependant, avec les montagnes éblouissantes de neige autour de moi, j'ai rapidement eu l'impression qu l'iPad était resté éteint...

À ce sujet, il faut évidemment éviter les lunettes polarisantes, les écrans LCD devenant totalement illisibles (noirs) selon l'orientation des verres.

Accidentologie


Le titre est présomptueux, et volontairement un peu provocateur. Dès que l'on aborde le sujet des GPS et tablettes électroniques dans les milieux aéronautiques - et Dieu sait si ce sujet est régulièrement abordé - on en arrive généralement assez vite à une querelle d'Anciens et de Modernes, c'est parfaitement humain.
Un argument des Anciens revient alors assez rapidement dans le débat : "à quand le prochain type qui se tue à force de jouer avec son gadget au lieu de piloter ?"

Je démens tout de suite mon titre : je ne dispose d'aucun chiffre sur la sécurité ou non d'utiliser un iChose à bord d'un avion. En revanche, les chiffres de l'OFAC sur les pénétrations non autorisées d'espaces aériens (rien à voir avec d'anciens patrons du FMI) sont alarmants et c'est un réel problème de sécurité, d'une part pour la séparation des vols, d'autre part parce que cela trahit fatalement une incompréhension (quelle qu'en soit l'origine) par beaucoup de pilotes de l'espace dans lequel ils évoluent et de la sécurité telle qu'elle y est organisée. Or, c'est bien connu, les administrations réagissent face aux risques en édictant de nouveaux règlements, on ne va donc certainement pas vers une simplification.

J'aime naviguer avec une carte et une montre. J'aime par-dessus tout connaître en permanence ma position par l'observation au sol et la lecture de la carte, c'est ce qui fait à mon goût tout le charme du pilotage à vue. Toutefois, avec la complexité croissante du ciel européen et la radicalisation des conséquences en cas d'infraction, il devient vraiment plus que souhaitable d'avoir à bord un dispositif - même rudimentaire - de GPS en backup.

Que l'on se rassure : un tel dispositif n'a jamais empêché personne d'utiliser un VOR ni un ADF lorsqu'ils sont disponibles, c'est juste un précieux soutien qui permet, dans la très grande majorité des cas, de lever rapidement un doute lorsqu'il s'agit de rester à l'écart d'une zone ou de survoler un point précis, et de conserver l'attention du pilote sur la sécurité du vol afin justement de pouvoir profiter d'une navigation à l'estime en toute sérénité.

Certes, le pilote absorbé en vol à pianoter sur son GPS ou son iPad se met en danger. Mais celui qui passe trop de temps le nez dans sa carte parce qu'il a un gros doute n'est pas non plus dans une situation d'avenir.
Il est évident que le mode d'utilisation d'un GPS ou d'une tablette comme l'iPad à bord d'un avion relève avant tout d'une question de bon sens : cela ne doit pas générer de charge de travail exagérée pour le pilote, ni lui demander davantage d'attention que le suivi normal de sa navigation. De plus, il faut être prêt à tout moment à s'en passer complètement, comme de n'importe quel instrument, et savoir remettre en question ses indications (un GPS n'est pas infaillible).
Une tablette ne devrait donc jamais servir à pallier des lacunes du pilote, mais uniquement à le seconder dans son travail.

Alors, certes, il y aura malheureusement des accidents liés à un usage imprudent du GPS ou d'une tablette, que ce soit par excès de confiance (phénomène ABS) ou par manque d'attention à ce qui se passe dehors. Cependant, correctement utilisé, un GPS (que ce soit sur une tablette ou non) est de toute évidence un facteur de sécurité aérienne.

Dans le même état d'esprit, il est notoire que l'usage de la radio COM en vol absorbe une part importante des capacités mentales d'un pilote, bien au-delà de la simple énonciation de la phraséologie. Et puis, les pionniers s'en passaient très bien, ils se battaient seuls contre les éléments, sans devoir annoncer à personne leur position.
Pourtant, qui oserait aujourd'hui prétendre qu'être en contact avec le FIC ou un autre organisme au sol en annonçant clairement ses intentions n'est pas un élément allant vers la sécurité ?

Et en vol ?


En ce qui me concerne, lorsque je suis seul, je n'envisage pour l'instant qu'une utilisation relativement passive de l'iPad en vol, comme système redondant, réglé avant le décollage, que je peux consulter sporadiquement quand tout va bien (experience gathering). Le maniement des menus et des différentes applications me demande encore trop d'attention pour une utilisation plus active des différentes possibilités.
D'autre part, il manque aussi une fonction permettant de geler l'écran tactile (par exemple avec le bouton latéral servant à couper le son), afin de ne pas perturber un affichage en cours en le touchant par inadvertance (e.g. mode moving map).

Je préfère donc pour l'instant rester fidèle aux cartes papier, l'OACI sur les genoux, et les VAC préparées dans l'ordre d'utilisation prévue dans ma planchette de bord.

Par contre, quand on a la chance de voler en binôme (ou plus), l'iPad est dans les mains du "copi" ou PNF l'Electronic Flight Bag de rêve, léger, performant et peu encombrant, mettant à disposition tout ce dont on peut rêver (ou presque) pour participer activement au bon déroulement du vol : cartes défilantes avec les fonctions classiques d'un GPS, cartes d'approche, SID, STAR, météo, terrains de diversion, DABS, checklists, enregistrement des temps, calculateurs, etc.
Cela ne dispense aucunement de la préparation du vol. Cependant quelqu'un sachant s'en servir sera certainement plus efficace pour s'adapter à l'évolution des conditions et chercher en permanence s'il existe de meilleures alternatives que ce qui pouvait être prévisible avant le vol.

Bien entendu, même lorsque je suis passager, j'ai toujours l'AIP et mes cartes à bord, prêt à les sortir du sac en cas d'indisponibilité de l'iPad.

Résumé


Si, contrairement à l'iPhone, l'iPad ne semble finalement avoir été réellement adopté que par les inconditionnels de la marque à la pomme et quelques fashion victims, son potentiel comme tablette aéro - le sujet de ce billet - dépasse très largement le simple phénomène de mode.

Dans ce domaine, le mieux* à mon avis est d'opter pour un modèle "WiFi" avec un GPS type Bad Elf plutôt qu'un modèle "WiFi+3G", puis d'éventuellement pratiquer le partage de connexion 3G** avec son téléphone lorsqu'il n'y a pas de WiFi disponible et que l'on désire accéder au réseau.

Pour une utilisation 100% aéro, 16GB devraient normalement suffire - j'ai opté pour le modèle 32GB, très confortable (utilisation également non-aéro).
Idéalement, on le protègera avec une fourre d'un matériau antidérapant, afin qu'il tienne bien posé sur les genoux. On trouve également des feuilles antireflets pour l'écran.

Points forts de l'iPad comme tablette aéro :
- Plat, fin et léger.
- Relativement robuste si on le protège avec une fourre.
- Tient parfaitement sur les genoux (fourre antidérapante).
- Grand écran tactile très lisible, lumineux et précis.
- Grande autonomie (env. 7h en utilisation très soutenue).
- Allumage instantané (pas de temps d'attente).
- Quantité phénoménale d'applications disponibles pour l'aéronautique (gratuites ou payantes).
- Simplicité d'installation des applications.
- Environnement multitâches (on fait tourner plusieurs applications en même temps).
- GPS 66 canaux WAAS + EGNOS (Bad Elf).
- Electronic Flight Bag de rêve si on est PNF ou passager.
- Très pratique pour la préparation du vol.
- Prix très raisonnable.

Points faibles de l'iPad comme tablette aéro :
- Grande taille pas toujours facile à caser dans un cockpit.
- Lisibilité limitée en plein soleil.
- GPS Bad Elf pas intégré dans la tablette (appendice).
- Pas de possibilité de geler l'écran tactile, sensible.
- Navigateur Safari perfectible.
- Utilisation active en vol pas forcément évidente si on est seul.

* à moins d'obtenir une offre attrayante d'un opérateur pour une carte SIM.
** pour autant que votre abonnement et votre téléphone s'y prêtent.

13 commentaires :

  1. Bonjour,

    Félicitations pour ce billet. A titre d'information, le partage de connexion est disponible chez Orange et Chez SFR pour les réseaux Français.

    Marc-Olivier

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  2. Merci Marc-Olivier pour cette précision !

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  3. Complètement incroyable la précision cet article... Bravo. Il faudrait faire le même pour les détenteurs d'iPhone-sans-iPad !

    Merci en tout cas, je m'en vais tester rapidement :-)

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  4. Bonjour, je suis au Canada
    et j'ai eu la même idée que toi. Je suis content de voir que ca marche en France et que quelqu'un l'a essaye. Je suis tout à fait d'accord avec toi, et sache que si on s'en tenait toujours à ce que les vieux piolte disent, l'aviation n'évoluera jamais. Je vais faire l'expérience de l'ipad et voir les app qui fonctionnent ici et je te reviendrais sur mon experience personnelle. Merci pour ton initiative

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  5. Superbe article, qui réponds à un peu près toutes les questions que je me pose(ais). Bravo

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  6. Merci Antoine pour ce billet.

    Aurais-tu testé l'affichage des cartes VAC (françaises par exemple) incrustées dans le fond d'écran d'Air Nav Pro? (je parle des VAC installées manuellement) Si oui, peux-tu nous dire comment tu as fait?

    Bonnes fêtes!

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  7. Salut Olivier,

    Les documents que l'on installe manuellement sous forme de PDF (VAC suisses scannées, VAC françaises du SIA, etc.) s'ouvrent dans une fenêtre, par exemple en cliquant sur un aérodrome (si le PDF a été rangé dans le répertoire ad-hoc).
    Comme ces cartes ne sont pas géoréférencées, elles ne se fondent pas à la carte OACI.
    Par contre, Air Nav propose en téléchargement les cartes VAC françaises préparées et géoréférencées par leurs soins, de sorte qu'elles s'insèrent dans la carte de fond à l'échelle et au bon endroit.
    Il y a alors plusieurs façons de les afficher. Tout d'abord en cliquant sur un AD, dans la liste des infos il y a les pages de la carte VAC du SIA sous forme de PDF (affichage dans une fenêtre comme un document placé manuellement), puis au-dessous figurent les cartes géoréférencées avec le symbole avion+flèche => en cliquant dessus la carte d'approche se superpose au fond OACI.
    Ensuite, dans les réglages il y a la possibilité de faire en sorte que lorsqu'on arrive à proximité d'un terrain la carte VAC géoréférencée s'insère automatiquement.
    Dans l'ensemble, ça marche bien, mais je n'ai pas testé l'exactitude du géoréférencement, je n'ai pas beaucoup volé en France ces derniers temps.
    Xample a préparé depuis pas mal de temps déjà les VAC suisses également, mais ils attendent toujours une réponse de Skyguide pour le droit ou non de les diffuser.
    En espérant avoir répondu à ta question.

    Cordialement
    Antoine

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  8. EP je viens de lire votre billet oh combien instructif. Merci de l'avoir publié.
    Je teste l'iPad mini pour résoudre le sujet de la taille en vol tout en conservant la même définition d'écran: je suis assez convaincu.
    Bons vols

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  9. Bonjour Eric,

    Merci pour votre commentaire. J'en suis au même point quant à l'iPad Mini, avec pour l'instant la même conclusion : the right size !

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    1. Bravo Antoine pour le travail accompli et le sérieux de ce billet
      Je veux rajouter que actuellement avec air nav pro on peut geler l'écran ( pas la navigation).
      Il suffit de faire glisser 3 doigts sur l'écran dans un sens horizontal pour le geler et 3 doigts dans l'autre sens pour annuler.
      De plus quand l'écran est gelé on peut écrire dessus avec un doigt ce qui est trés pratique.
      L'écriture s'efface soit en annulant le gel soit par le cercle rouge en haut à gauche de l'écran soit en tapotant sur l'écriture.

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  10. je déterre un peu le sujet ... mais merci pour ce billet. C'est une jungle pour trouver la bonne combinaison dans les modules RAM et j'ai trouvé ici exactement ce que je cherchais.

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  11. merci pour ce post très détaillé. Pour ma part j'ai pris iPad Mini Wifi+GSM (mon iPhone 6 plus était un peu trop petit pour jeter des bref coups d'oeil, je devais consacrer quelques secondes de trop vu la taille). Pour le soft préparation/vol, après en avoir tester plusieurs (à grand coups d'euros), j'ai pris SDVFR qui est très complet et pas cher.

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  12. Bonjour je suis sur air nav pro sur ipad mini 4 j’ai un souci j’avais avant une galaxy tab et en comparaison lorsque je zoom sur les carte carta bossy la resolution est nickel et s’ajuste sur la samsung alors que sur l’ipad plus je zoom et plus je perd en qualité d’affichage. Comme si la carte source sur ipad etait de moins bonne resolution. Une solution? Merci

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