mardi 11 mai 2010

La radio

Dans le cadre de la PPL(A), après l'examen théorique, vous devrez passer un examen de radiotéléphonie (RT) qui vous donne officiellement le droit de parler à la radio.

À noter que si cet examen vous rebute, vous pouvez plutôt opter pour une RPPL (PPL restreinte), licence qui vous permet de voler partout en Suisse, mais en dehors des zones contrôlées où le contact radio est nécessaire (à quelques exceptions près). Les exigences en heures de vol étant en outre réduites, c'est donc également une possibilité de devenir pilote à moindre coût, quitte à envisager par la suite le passage à la licence complète PPL(A).

Mais revenons à la RT. En Suisse, vous pouvez, à choix, la faire en français (RTN, pour nationale) ou en anglais (RTI, pour internationale).

La RTN ne vous autorisera à voler que dans les régions où vous pourrez parler en français à la radio, à savoir la Suisse Romande (l'AIP indique pour chaque aérodrome les langues utilisables), et bien sûr la France. J'ignore ce qu'il en est de la Belgique et du Québec. Mais pas question d'aller en Italie ou en Allemagne avec ça, ni même d'aller vous poser à Zürich ou à Lugano.

La RTI vous autorise à voler partout (du moins là où les licences JAR sont reconnues). Il est illusoire de penser l'obtenir sans de bonnes connaissances en anglais courant.

Vous pouvez naturellement faire les deux, mais il faudra passer deux fois l'examen, une fois dans chaque langue.

Depuis l'introduction des JAR-FCL, l'examen comporte 4 phases :

Phase 1 : Examen théorique (QCM), en français, le même quelle que soit la langue.
Phase 2 : Examen pratique au sol avec un vol simulé (contrôle de phraséologie), dans la langue souhaitée (français pour RTN, anglais pour RTI).

Ces deux premières phases font l'objet d'une journée d'examens et vous octroient tous les « privilèges RT » nécessaires en Suisse pour la PPL(A).

Le vol simulé nécessite de l'entraînement. La phraséologie, que ce soit en anglais ou en français, est une langue à part. Lors du vol simulé, tous les candidats sont dans la salle, chacun à sa table avec sa carte OACI et son AIP, mais virtuellement dans le cockpit d'un avion sur un tarmac, généralement celui d'un aéroport assez chargé avec un réseau de taxiways permettant des consignes bien complexes. Les experts joueront le rôle des services au sol (tour, radar, information, etc.) pour tout le monde. Votre vol se déroule ainsi : à chaque échange à la radio, vous sautez virtuellement jusqu'au point du prochain contact radio. Vous n'avez pas le droit d'avancer sans être en contact radio avec un organisme au sol.

Vous aurez une mission, par exemple aller de Bâle-Mulhouse à Lugano en passant par le Gothard, de contacter Emmen pour leur demander si telle zone est active, etc.
Durant l'examen, vous devrez obligatoirement demander un METAR, que vous aurez à collationner en entier (chose qui ne se fait jamais dans la réalité). Si vous êtes nombreux dans la session, il va falloir vous imposer pour réussir à parler et avancer dans votre vol, d'autant plus s'il y a des candidats IFR qui monopolisent le crachoir.

Astuce : Lors des examens, le vol ne va généralement pas jusqu'à l'atterrissage au lieu de destination : les experts vous chargent plutôt de complications dès le début de votre itinéraire et interrompent l'examen (généralement vers les deux tiers du vol) quand ils sont convaincus, en bien ou en mal. Dans votre préparation, soignez donc surtout le début de vos vols. Attention : cette règle n'est pas absolue, c'est une déduction basée sur les divers retours d'expérience que j'ai pu collecter.

Phase 3 : Vérification de la compréhension auditive (listening comprehension)
Phase 4 : Vérification de l'aisance verbale (oral interaction)

Ces deux dernières phases forment le Language Proficiency Check (LPC). Pour les PPL, ce Language Proficiency (LP) n'est nécessaire que pour l'usage de la radio à l'étranger, dans les pays qui l'exigent. On peut voler partout en Suisse sans LP.

L’OACI a défini une échelle d’évaluation des compétences linguistiques sur des niveaux (levels) de 1 (préélémentaire) à 6 (expert), ainsi qu'une durée de validité dépendant du niveau.

Pour la PPL(A), le level 4 au moins est exigé :

Level 4. Opérationnel, valable 4 ans pour les PPL et 3 ans pour les licences supérieures.
Level 5. Avancé, durée de validité double du level 4
Level 6. Expert, valable à vie

Le LPC se passe séparément de l'examen RT, lors d'une session officielle. Pour l’examen de compréhension (phase 3) le candidat doit écouter une annonce enregistrée en anglais. Il reçoit 4 traductions et doit choisir la bonne. Il peut s’agir par exemple d’un message d’un commandant de bord qui a un problème ou d’une information technique. Il y a 6 tests ainsi. Ensuite il entend 3 ATIS, dont il reçoit une traduction lacunaire à compléter. Ces tests se passent collectivement en classe.
Pour la conversation (phase 4), le candidat est seul avec deux experts. Il doit décrire une image au sujet de laquelle l’expert pose des questions. La discussion s'orientera ensuite sur l'activité de vol du candidat. La phraséologie ou les connaissances techniques ne sont pas du tout l'objet de ce test, il s'agit vraiment de causer, je dirais même de se lâcher - évitez donc de rester silencieux, de botter en touche en répondant par oui ou par non en attendant que l'on vous tire les vers du nez. Plus vous causez, mieux ce sera (pour autant que ce soit compréhensible, bien sûr). Pour le level 4, vous avez droit à quelques fautes. De même, vous avez droit à contourner quelques lacunes de vocabulaire par des périphrases, l'essentiel étant de pouvoir s'exprimer de façon intelligible.

À moins d'avoir obtenu le niveau 6, la validité du LP est limitée dans le temps. Il faut donc le renouveler régulièrement. Cela peut se faire soit lors d'une session officielle, soit à l'occasion d'un vol de contrôle avec un examinateur agréé. La phase 3 se fait alors en vol, et la phase 4 au sol. Si l'examinateur du vol n'est pas agréé pour le LPC, rien n'empêche de prendre également un « assesseur » LP à bord.

Note : si vous avez une licence JAR et que vous avez passé la RTI avant mars 2008, le LP level 4 vous a été offert pour 4 ans depuis la dernière prorogation de qualification SEP. Ensuite, vous devrez simplement le renouveler lors d'un vol de contrôle.

Si vous optez pour la RTN (c'est-à-dire en français) et que vous êtes de langue maternelle française, le LP niveau 6 vous est offert d'office. En d'autres termes, il suffit de passer les phases 1 et 2 pour obtenir les privilèges RT avec LP level 6 à vie.


Quoi ? Vous trouvez tout ça trop compliqué ?

Attendez, en fait, pour la PPL(A) en Suisse on peut résumer les choses en 4 phrases :
- la radio peut se faire en français ou en anglais
- dans les deux cas, il faudra passer un examen en 2 parties : un QCM en français et un vol simulé dans la langue choisie.
- pour voler à l'étranger avec la radio en anglais, vous devez en plus passer le LPC, au moins au niveau 4.
- Le LPC de niveau 4 ou 5 doit être renouvelé régulièrement. Le niveau 6 est à vie.


Attention : tout qui précède est encore en pleine mutation et risque de changer prochainement, car jugé peu adapté à la réalité. Je n'ai fait que décrire l'état actuel de la réglementation à ma connaissance.

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire